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L'acquisition d'une entreprise (partie 1): la valeur ajoutée de l'expert-comptable certifié

Si l'Intelligence artificielle va grignoter nombre de tâches administratives récurrentes, rébarbatives et chronophages, l'expert-comptable certifié sera immanquablement redirigé vers des missions stratégiques en épaulant le dirigeant d'entreprises dans ses choix de croissance et de pérennisation de son entreprise. Il en est ainsi de l'accompagnement de l'entrepreneur lorsqu'il souhaite acquérir une entreprise pour consolider son expansion.


L'acquéreur d'une société souhaitera très tôt dans le processus d'acquisition évaluer d'une part la rentabilité attendue de cette décision et le prix qu'il est possible de proposer au cédant.

Premier principe à rappeler : c'est que valeur n'est pas synonymes de prix. Que du contraire et nous renvoyons les membres de l'Ordre aux capsules qui ont illustré les newsletters de l'ordre durant ce mois de mai et juin et animées par Benjamin Corvilain, un de nos ambassadeurs.


Son offre sera basée une évaluation d'entreprise selon les différentes méthodes d'évaluation évoquées dans nos capsules vidéos mais aussi du mode de financement de cette acquisition. Très régulièrement , l'opération d'acquisition d'une entreprise reposera sur deux types de financement externe : l'intervention d'une banque ou celle d'un investisseur privé ou public (les invests).

Face à la frilosité des banques, il sera nécessaire que le dirigeant devra démontrer si le montage financier proposé permet de rembourser le crédit bancaire ou pour l'investisseur de capitaux le potentiel de création de valeur supplémentaire.

L'outil qui sera à la base pour emporter la conviction de l'un et de l'autre sera un business plan intégrant nécessairement un plan financier. C'est ici que nous souhaitons souligner l'importance de ce plan financier qui est obligatoire à la création d'entreprise mais devrait l'être tout au long de la vie de l'entreprise. Cet avis est d'ailleurs partager par nombre de magistrats des tribunaux de l'entreprise qui regrettent la suppression de la formation minimale à la gestion des entreprises des créateurs d'emplois et l'absence d'un budget pour les entreprises - sociétés alors qu'il est obligatoire dans les ASBL.


Business Plan : 4 parties essentielles

Le business plan - dans sa structuration - va comporter quatre parties essentielles :

1. une présentation descriptive et analytique reprenant entre autres choses, la présentation de l'équipe de management, les produits et services, les marchés visés, la concurrence et l'environnement de l'entreprise (analyse PESTEL cad environnements P. pour politique - E. pour économique - S. pour socioculturel ou social - T. pour technologique - E. pour écologie et L. pour légal);

2. une partie stratégique et opérationnelle qui sur base d'une analyse SWOT va décrire les moyens mis en oeuvre et les objectifs visés pour développer les activités acquises;

3. une partie financière - historique et prévisionnelle - qui va permettre de fixer le besoin de financement, la capacité de remboursement du crédit éventuel ou du montant apporté par l'invest ou le nouvel actionnaire et la rentabilité de l'investissement fait; et c'est là que l'expert-comptable certifié pourra valoriser tout son savoir-faire et son savoir-être;

4. une partie importante liée à la structure juridique de l'opération.

Au-delà de ce business plan, il est important l'acquéreur possède les compétences du dirigeant de la société ciblée et dans la plupart des cas, une période d'accompagnement du cédant sera un facteur déterminant de la réussite. Cette période d'accompagnement doit être un enrichissement mutuel entre le cédant et le cessionnaire qui prolongera la période de négociation préalable au contrat de rachat.

Une structure habituelle d'un business plan d'acquisition - rachat d'entreprise est le suivant (à titre d'exemple) :

  1. "carte d'identité juridique et économique" de l'entreprise cible;
  2. le C.V. du repreneur et de son management;
  3. l'offre des services ou produits - coeur de l'entreprise cible;
  4. le marché et le positionnement de l'entreprise cible (taille - segmentation de la clientèle - tendances économiques sur le secteur -..)
  5. la concurrence et les possibilités de pénétration du marché
  6. le business model avec quelques exemples couramment cités :
    1. Les modèles économiques classiques
      La production de produits ou services est le modèle économique ancestral par excellence. C'est le business model de l'agriculture par exemple. Le chef d'entreprise produit et vend sa production. Au deuxième rang des business models classiques figure la distribution. Ce modèle utilisé par tout commerçant consiste simplement à vendre un produit directement au consommateur ou à un grossiste,
    2. Le low-cost : un modèle économique qui casse les prix
      Depuis ces modèles économiques de base, d'autres business models ont fait leur apparition. C'est notamment le cas du low-cost qui s'est développé dans de nombreux secteurs d'activité : alimentaire, compagnie aérienne, hôtellerie, ameublement, restauration... Ce type de modèle se distingue par une politique visant à réduire au maximum le coût de revient pour le consommateur,
    3. La désintermédiation : un modèle économique facilité par Internet. La logique ici est également de réduire les coûts. Cela est permis en limitant les intermédiaires. De nombreux sites web (culture, agence de voyages...) se sont développés en appliquant ce modèle économique,
    4. Le commissionnement : le modèle économique des comparateurs sur Internet : un intermédiaire vend le produit d'une entreprise et se voit rémunérer par une commission. C'est le modèle économique des concessionnaires automobiles et des agents d'assurances mais aussi des comparateurs de coûts sur Internet,
    5. L'abonnement : le modèle économique des journaux exporté au e-commerce : Journaux, AMAP, opérateurs téléphoniques..., ces types d'entreprises utilisent ce modèle économique en partie ou intégralement pour vendre leur production ou leurs services. Aujourd'hui, des sites de e-commerce font ce choix de business model pour fidéliser leurs clients,
    6. Le financement par la publicité : le modèle économique du gratuit : Sur le mode des journaux gratuits, de nombreux sites internet offrent du contenu totalement gratuit à leurs utilisateurs. L'entreprise est alors rémunérée intégralement par ses contrats publicitaires. Ce modèle économique est donc dépendant des annonceurs,
    7. Les enchères : le modèle économique des salles des ventes démocratisé aux sites d'en chères en ligne : les clients fixent le prix pour lequel ils sont prêts à acheter le produit présenté. Ce modèle économique est redevenu en vogue avec les sites d'enchères en ligne.
    8. Le freemium : le modèle économique mi-gratuit mi-payant : les plateformes de musique ou de vidéo en streaming ainsi que d'autres médias comme les applications pour smartphones utilisent ce modèle économique avec une partie gratuite et une partie réservée aux adhérents,
    9. Le cashback : le modèle économique de la fidélité récompensée : plus le consommateur consomme, plus il obtient d'avantages. Ce modèle économique est utilisé notamment pour fidéliser les clients,
    10. Le modèle de l'imprimante : le modèle économique attractif : Le principe consiste à vendre un produit de base à très bas coût (imprimante, cafetière...) puis des recharges sur le long terme (encre, dosettes...). Ce modèle économique permet, avec un investissement de départ, de s'assurer une certaine fidélité des clients. Il en existe d'autres.
  7. l'organigramme de la société et du personnel;
  8. le plan d'action avec les objectifs à atteindre;
  9. la structure juridique d'acquisition choisie
  10. l'analyse des données chiffrées historiques
  11. le plan financier prévisionnel (à court et moyen terme)
  12. le degré potentiel de résilience de l'entreprise acquise
  13. la structure de financement souhaitée
  14. le calendrier des différentes phases de l'opération.

Dans un second article, nous développerons les composantes du plan financier d'acquisition mais nous pouvons déjà affirmer que ce plan financier s'appuiera sur une analyse détaillée de la profitabilité et de la rentabilité de l'entreprise ciblée. A ce titre les performances passées représentent une base crédible pour justifier et documenter des chiffres prévisionnels (sur 12 mois au mois le mois - sur 3 et 5 ans) en maîtrisant le contexte et les moyens mis en oeuvre par le passé. Les ratios à utiliser à cet effet vous seront livrés dans les prochaines capsules vidéos de l'Ordre, diligentées par Philippe Dothée, expert-comptable certifié, analyste financier et membre de la TEAM accompagnement - stage de l'Ordre des Experts-comptables.

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