
Chaque entreprise peut être confrontée à des difficultés de trésorerie. Lorsque la situation perdure, que les dettes s’accumulent et que les créanciers s’impatientent, une question redoutée finit par s’imposer : faut-il déclarer la faillite ? Existe-t-il des alternatives, comme la procédure de réorganisation judiciaire (PRJ), la PRJ par accord amiable ou par accord collectif, la médiation d’entreprise ou encore la dissolution volontaire ?
Ces options sont prévues par le Livre XX du Code de droit économique (CDE), qui organise le traitement des entreprises en difficulté.
Dans cet article, nous faisons le point sur les conditions, les délais et les conséquences de l’aveu de faillite, afin de vous permettre d’anticiper les risques et d’agir au bon moment.
L’aveu de faillite est la déclaration par laquelle une entreprise (société, ASBL ou personne physique) reconnaît :
Ces conditions sont posées par l’article XX.99 CDE.
L’aveu est déposé via le Registre de la Solvabilité (REGSOL), ce qui entraîne la saisine automatique du tribunal de l’entreprise.
⚠ À ne pas confondre avec la faillite demandée par un créancier ou par le ministère public (art. XX.102 CDE).
Dans l’aveu, c’est l’entreprise elle-même qui prend l’initiative — ce qui est souvent considéré comme un acte de gestion saine et responsable.
Selon l’article XX.99 CDE, deux conditions cumulatives sont exigées :
1. Cessation persistante de paiement
L’entreprise n’est plus en mesure de payer ses dettes exigibles de manière durable.
2. Ébranlement du crédit
Les créanciers ont perdu confiance : actions en justice, commandements de payer, saisies, refus de crédit bancaire…
La jurisprudence rappelle qu’un seul créancier impayé suffit à remplir cette condition, même pour un montant limité.
L’entreprise en faillite dispose d’un délai d’un mois pour déposer son aveu sur REGSOL (art. XX.102, §1er CDE), à partir du moment où les deux conditions légales sont remplies.
Ne pas respecter ce délai expose les dirigeants à :
Ce n’est pas une option : c’est une obligation légale impérative.
Beaucoup d’entreprises attendent des rentrées futures incertaines, mais certains signaux doivent alerter :
S’y ajoute une autre obligation parfois négligée : la sonnette d’alarme (CSA)
Dans certaines formes de sociétés, lorsque l’actif net devient négatif ou menacé, les administrateurs doivent convoquer l’assemblée générale pour décider du sort de la société :
Cette obligation vise à détecter et traiter à temps la détérioration financière.
Le non-respect de la sonnette d’alarme peut engager la responsabilité personnelle des administrateurs.
Loin d’être un échec, l’aveu est souvent un acte de prudence.
Il permet :
Certaines branches saines de l’activité peuvent être transférées ou reprises, ce qu’organise le Livre XX (notamment art. XX.142 et suivants sur la cession d’actifs).
? Un aveu déposé à temps évite bien souvent des poursuites ultérieures et facilite un rebond entrepreneurial.
Un avocat spécialisé en droit de l’insolvabilité peut :
Le tribunal examine l’aveu et prononce la faillite si les conditions sont remplies.
Il désigne un curateur chargé :
Le dirigeant doit coopérer, fournir les documents comptables et répondre aux demandes du curateur.
Certaines dettes peuvent subsister :
La faillite n’est pas la fin — c’est parfois le début d’un redémarrage plus sain.
La clé est d’agir à temps, dans la transparence et dans le respect du CSA et du Livre XX.
Faire aveu de faillite, c’est :