
Le récent salon de l’ITAA, et en particulier le débat politique qui y fut organisé, a suscité de nombreux commentaires et une couverture médiatique inhabituelle pour notre secteur. L’OECCBB souhaite revenir sur cet épisode non pour commenter la politique – ce n’est ni notre rôle, ni notre mission – mais pour rappeler des principes essentiels à toute institution professionnelle.
Car au-delà de la controverse, un enseignement s’impose : une institution ne parle jamais qu’au nom de l’ensemble d’une profession, et à ce titre, elle se doit de rester neutre, prévisible et irréprochable dans les invitations qu’elle formule et dans l’image qu’elle renvoie au monde politique et à la société.
Que l’ITAA organise un débat politique n’a rien, en soi, d’illégitime.
Mais inviter, dans un même panel, des représentants du monde démocratique francophone et un élu du Vlaams Belang soulève immédiatement une question : quel signal envoie-t-on à nos ministres de tutelle, à nos partenaires institutionnels, à la société civile ?
Plusieurs ministres ont d’ailleurs indiqué ne pas avoir été informés de la composition exacte du panel.
Dès lors, l’annulation de leur participation était prévisible.
Et le « bad buzz » qui s’en est suivi – abondamment relayé dans L’Avenir, La Libre, Le Soir et RTBF Info – aurait pu être évité.
Car une institution nationale doit prendre en compte toutes les sensibilités, de toutes les régions, de toutes les langues, et veiller en permanence à préserver un cadre serein, sécurisé et respectueux de la charte démocratique.
Notre profession repose sur des valeurs intangibles :
Ces valeurs ne sont pas négociables. Elles ne souffrent ni les équivoques, ni les maladresses, ni les ambiguïtés.
En tant qu’institution, nous ne pouvons pas nous permettre d’être associés à une quelconque dérive ou mise en cause des principes démocratiques, même involontaire.
L’ITAA est une institution nationale.
À ce titre, elle se doit d’être particulièrement attentive à préserver l’unité, la pluralité et l’exemplarité.
Le choix du panel ne relevait pas seulement d’un programme d’événement : c’était un acte institutionnel engageant l’image de toute la profession.
Qu’on se comprenne : personne n’est à l’abri d’une erreur.
Nous le savons, nous aussi, dans nos cabinets et dans nos institutions.
Mais lorsqu’une erreur survient, une clarification rapide, une explication transparente et une correction immédiate sont attendues.
Or, malgré les avertissements reçus avant l’événement, aucune adaptation n’a été faite.
Il ne s’agit pas ici d’un procès d’intention, mais d’un appel à la prudence institutionnelle.
La profession d’expert-comptable et de conseiller fiscal n’a jamais été aussi précieuse pour le pays : nous sommes les garants de l’information financière fiable, les sentinelles de l’éthique économique, les partenaires du tissu entrepreneurial.
Notre présence en première ligne dans la presse devrait servir à cela :
Pas à entretenir ou susciter des controverses politiques qui n’apportent rien à la profession.
L’OECCBB tient à rappeler sa ligne : nous ne participons jamais à des panels politiques où la neutralité institutionnelle pourrait être mise en cause.
Nous informons toujours nos partenaires.
Nous restons attentifs à la sensibilité démocratique.
Et nous privilégions des formats qui valorisent les compétences, les solutions et l’avenir de notre profession.
L’affaire du salon ITAA montre que ces principes ne sont pas théoriques, mais qu’ils sont essentiels pour préserver la crédibilité de notre profession auprès du monde politique et de la société.
À chacun maintenant de tirer les enseignements de cet épisode.
Et à nous tous de recentrer le débat sur ce qui compte : faire rayonner une profession solide, utile, moderne, et profondément attachée à l’éthique.