Depuis 2009, la directive européenne ePrivacy impose aux sites web de recueillir un accord explicite avant de déposer des cookies, sauf pour ceux qualifiés de « strictement nécessaires » (article 5, § 3 de la directive 2002/58/CE).
L’objectif initial était clair : redonner le contrôle aux utilisateurs sur leurs données personnelles. Mais dans la pratique, le mécanisme s’est transformé en une routine de clics quasi-automatiques, qualifiée aujourd’hui de « fatigue du consentement ».
Face à cette dérive, la Commission européenne propose une réforme visant à alléger les démarches pour les utilisateurs comme pour les entreprises, tout en préservant le droit fondamental à la protection des données (article 8 de la Charte des droits fondamentaux de l’UE et RGPD).
Le cadre actuel découle de la directive ePrivacy de 2002, modifiée en 2009, et du Règlement général sur la protection des données (RGPD).
Concrètement, tout cookie non « strictement nécessaire » (par exemple pour l’analyse statistique ou la publicité ciblée) nécessite un consentement préalable, libre, éclairé et spécifique.
Ce régime a conduit à la prolifération de bannières, avec plusieurs conséquences :
Dans une communication du 16 septembre 2025, la Commission européenne esquisse un mécanisme centralisé :
L’objectif affiché est double :
Objectif | Effet attendu |
Réduction de la « fatigue du consentement » | Moins de clics, expérience plus fluide pour l’internaute. |
Allégement administratif | Moins de bannières et de mises à jour pour les entreprises, économies de temps et de coûts. |
Cette réforme s’inscrit dans le programme « Digital Omnibus », attendu pour décembre 2025, et vise une réduction de 25 % des charges administratives en Europe, voire 35 % pour les PME.
Si la simplification séduit le secteur numérique, plusieurs ONG spécialisées en protection de la vie privée s’inquiètent.
Selon European Digital Rights (EDRi), élargir la notion de cookies « essentiels » pourrait créer une brèche pour la publicité ciblée, en affaiblissant le consentement explicite exigé par le RGPD (article 7).
L’enjeu est donc de redéfinir prudemment les catégories de cookies qui pourraient être exemptés, en veillant à ce que la finalité « strictement nécessaire » ne soit pas interprétée de façon trop large.
Pour les entreprises, cabinets comptables compris, les implications sont multiples :
Pour les experts-comptables, ce chantier offre l’occasion :
Point clé | Situation actuelle | Réforme envisagée |
Base légale | Directive ePrivacy (2002/58/CE modifiée) + RGPD | Intégration dans le projet Digital Omnibus |
Consentement | À recueillir site par site, sauf cookies strictement nécessaires | Préférences enregistrées une fois pour toutes (navigateur ou outil central) |
Charges pour les entreprises | Mise à jour continue des bannières, documentation RGPD | Réduction estimée de 25 % des coûts administratifs (35 % pour les PME) |
Risque pour la vie privée | Consentement explicite requis | Crainte d’un élargissement excessif des cookies « essentiels » |
La réforme européenne annoncée vise à simplifier la gestion du consentement aux cookies, à réduire la charge administrative et à améliorer l’expérience utilisateur. Elle suppose néanmoins une vigilance juridique afin que la protection des données personnelles, garantie par le RGPD et la Charte des droits fondamentaux de l’UE, ne soit pas affaiblie.
Pour les experts-comptables, l’enjeu est double : accompagner les entreprises dans l’adaptation de leurs pratiques et rester attentifs à l’équilibre entre simplification et conformité juridique.
Références légales et sources