
Depuis plusieurs semaines, les débats budgétaires réveillent une vieille tentation : celle de rendre le passage en société « moins attractif ».
La dernière idée en date, relayée par L’Echo cette semaine, consisterait à plafonner la distribution des réserves de liquidation et des dividendes VVPRbis à 100.000 euros par an.
Une mesure présentée comme un levier budgétaire, mais qui, à l’analyse, n’en est pas un. Et surtout : une mesure qui passe à côté du vrai enjeu.
En tant qu’Ordre professionnel, il est de notre responsabilité d’apporter une lecture technique, économique et stratégique à ce débat. Et de rappeler sereinement ce que les faits montrent.
Plafonner les distributions issues des réserves de liquidation ne modifiera qu’à la marge le comportement des sociétés concernées.
Pourquoi ? Parce que :
Autrement dit : les structures qui abusent du système ne sont pas celles qui seront réellement atteintes, et celles qui travaillent proprement adapteront simplement leur planification patrimoniale.
Comme souvent, la règle fiscale fonctionne ici comme un jeu de l’oie : on ferme une porte, on en ouvre une autre.
Le rendement budgétaire annoncé (40 millions d’euros) en est la preuve : il est marginal, quasi symbolique à l’échelle du budget fédéral.
Ce que le système demande, ce n’est pas un nouveau verrou :
c’est de la cohérence, de la stabilité et des règles simples.
La société de management n’est pas un « trou noir fiscal ».
Elle est, pour l’essentiel, le véhicule de la classe moyenne professionnelle : professions libérales, consultants, commerçants, administrateurs indépendants, dirigeants de TPE/PME.
Ce sont eux qui créent de la valeur, qui prennent des risques, qui investissent dans le tissu économique belge.
Et depuis 10 ans, ces structures sont parmi les plus contrôlées, les plus encadrées, les plus documentées de notre système fiscal.
Vouloir les « décourager » à tout prix, c’est envoyer un signal périlleux :
celui que l’entrepreneuriat serait une anomalie, alors qu’il est précisément ce dont notre économie a le plus besoin.
Nous le disons avec constance :
Cette nouvelle mesure, si elle devait voir le jour, s’inscrit dans une logique du siècle passé.
Pas dans celle dont notre économie a besoin aujourd’hui.
Nous entendons régulièrement que les sociétés de management représenteraient une « fuite ».
Les chiffres démentent cette lecture simpliste. Et pour rappel…
Autrement dit : il contribue. Beaucoup.
Et il le fait dans un cadre légal que les gouvernements successifs ont eux-mêmes façonné.
Plutôt que de construire un environnement stable et lisible, on multiplie les signaux contradictoires.
À force de vouloir « serrer la vis », on finit par affaiblir ceux qui tiennent encore l’économie debout.
Le Premier ministre, dont on loue souvent le pragmatisme économique en Flandre, gagnerait à se souvenir que son prédécesseur a payé très cher une perte de cap sur ces sujets.
Le pays ne peut plus se permettre de perdre son tissu entrepreneurial. Et notre Ordre des experts-comptables, en bon compagnon des entreprises le rappelle utilement!
L’OECCBB continuera de défendre un principe simple :
Nous appelons à une réforme fiscale globale, cohérente, moderne, qui soutient réellement le travail et l’activité indépendante, plutôt qu’à une succession de mesures ponctuelles sans vision.
Parce que nos membres accompagnent chaque jour ceux qui créent la richesse de demain, nous continuerons – fermement et sereinement – à porter leur voix.