
La transparence salariale s’imposera bientôt comme une norme européenne. Pourtant, selon le Guide des Salaires 2026 de Robert Half, 28 % des candidats belges n’osent toujours pas aborder la question du salaire lors d’un entretien d’embauche.
Un paradoxe à l’heure où la pénurie de main-d’œuvre renforce le pouvoir de négociation des travailleurs.
Cet article revient sur les principaux constats de l’étude, les causes de ce malaise salarial, et les pistes que les employeurs – et leurs conseillers – peuvent explorer pour rendre le dialogue plus équilibré et plus efficace.
L’étude révèle qu’en 2025, près d’un candidat sur trois préfère ne pas aborder la question de la rémunération, souvent par crainte de perdre une opportunité d’emploi.
Trois raisons principales sont avancées :
Ce silence est d’autant plus surprenant que le contexte économique favorise plutôt les candidats : la Belgique fait face à une pénurie persistante de main-d’œuvre qualifiée, ce qui renforce leur position de négociation.
L’étude met aussi en lumière un contraste significatif :
Les PME, en revanche, offrent souvent plus de flexibilité dans les propositions, mais communiquent moins en amont sur leurs politiques salariales, ce qui accroît la gêne des candidats.
Autre enseignement marquant : 69 % des travailleurs belges estiment qu’ils auront plus de chances d’obtenir une augmentation en restant dans leur entreprise actuelle qu’en changeant d’employeur.
Ce taux est supérieur à celui observé aux Pays-Bas (60 %) et au Royaume-Uni (61 %).
La stabilité professionnelle est donc redevenue une valeur centrale, traduisant une forme de repli prudent face aux incertitudes économiques et à l’inflation.
Le salaire net reste certes un élément clé, mais les candidats accordent désormais une importance accrue aux avantages extra-légaux et à la qualité de vie au travail : horaires flexibles, bonus variables, télétravail, ou budget formation.
À partir de juin 2026, la directive européenne 2023/970 relative à la transparence salariale sera transposée en droit belge.
Les entreprises devront alors :
Cette réforme devrait, à terme, réduire la part de candidats hésitant à parler salaire, en leur offrant un cadre de discussion plus transparent et objectivable.
La négociation salariale demeure un exercice complexe, souvent vécu avec appréhension par les deux parties.
Pour éviter les malentendus, préparation et information demeurent les maîtres mots.
Avant un entretien, il est recommandé de :
Les entreprises gagneraient à :
Une communication claire réduit la méfiance, accélère le recrutement et renforce l’image d’employeur responsable.
Thème | Constats clés | Implications pratiques |
|---|---|---|
Dialogue sur le salaire | 28 % des candidats n’osent pas aborder la rémunération | Besoin de formation à la négociation et de transparence des offres |
Différences PME / grandes entreprises | 32 % d’hésitation dans les PME, 23 % dans les grandes entreprises | Structurer la politique salariale dans les petites structures |
Priorité donnée à la stabilité | 69 % préfèrent rester en poste pour une augmentation | Valoriser les plans de carrière internes |
Transparence salariale (Directive UE 2023/970) | Entrée en vigueur : juin 2026 | Anticiper les obligations de communication et d’égalité salariale |
Négociation équilibrée | Préparation insuffisante des candidats, manque de clarté des employeurs | Mieux former les recruteurs et sensibiliser les candidats |
Les experts-comptables et conseillers fiscaux accompagnent de plus en plus souvent leurs clients dans la gestion des rémunérations et la mise en conformité des politiques salariales.
Dans ce contexte, ils peuvent :
Le tabou salarial reste une réalité en Belgique malgré la tension du marché du travail.
La transparence obligatoire dès 2026 devrait aider à rééquilibrer les discussions, à condition que les entreprises s’y préparent dès maintenant.
Pour les experts-comptables, il s’agit d’un nouveau champ d’accompagnement stratégique, à la croisée du droit social, du management des rémunérations et de la conformité européenne.