L'étude de l'économie rend les économistes parfois pessimistes. Ne dit-on pas que les intellectuels s'accommodent mal du chaos du monde et que ce n’est que funérailles après funérailles que la théorie avance ? Et un de mes amis de me dire ce midi : tu auras prédit neuf des cinq derniers krachs.
Mais je reviens sur le dollar, et je me pose une question : que pourrait-il arriver pour que le dollar soit resté une monnaie forte au terme de multiples années de trumpisme ?
Rien.
Effrayées par les perspectives d'endettement des États-Unis, les agences de rating ne peuvent que progressivement diminuer la notation des États-Unis. En dix ans, si Trump applique son programme, la dette publique aura atteint 125 % du PIB, et le déficit budgétaire 9 % du PIB. Les charges d’intérêts vont croître à un rythme soutenu, puisque la dette américaine est progressivement refinancée à des taux d’intérêts plus élevés.
Le pari de Trump est que la croissance entraînée par ses réductions d’impôt va dépasser celle de la dette. Ce n’est pas exclu d’un point de vue théorique, mais, comme on le sait, tout le monde veut vivre dans ce fameux pays « théorie », parce que là-bas, tout se passe bien.
Et on verra progressivement, s’ils n’y sont pas contraints, de nombreux pays se délester de la dette américaine, comme le fait la Chine. Pourquoi en serait-il autrement dans un monde multipolaire dominé par deux superpuissances, les États-Unis et la Chine ?
C’est pour cette raison que je pressens un événement. Un choc politique. Un fait qui casse cette spirale. Et les solutions sont nombreuses : mise sous tutelle de la Federal Reserve qui sera obligée de refinancer l’État américain à des conditions extrêmement favorables, c’est-à-dire à des taux d’intérêr infereieurs au taux d’inflation, taxe sur les flux de capitaux en dollar, défaut sélectif de l’État américain vis-à-vis de certains pays, lancement de dollars parallèles, comme des stablecoins US, qui déclasseront le dollar traditionnel, et on peut même imaginer l’Armageddon, à savoir que les États-Unis cessent de fournir de la liquidité à certaines autres banques centrales au travers des fameux swaps qui les lient.
Bref, il se passera quelque chose parce que les États-Unis considèrent qu’ils ne doivent rien au reste du monde et que le dollar est, pour eux, une arme qu’ils peuvent utiliser à leur guise. Ils l’ont déjà fait plusieurs fois.
On verra donc dans dix ans, mais l’événement se sera passé avant ? Et certainement avant la fin de ce mandat de Trump.